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Le Journal de Bord
Dimanche
Tout le monde ou presque est arrivé… l’expédition commence après l’arrivée de Sylvain qui a enfin pu arriver sur les îles après un quasi tour d’Europe, une remise de gaz, une canne à pêche égarée et deux nuits de voyage.
La grand voile est hissée sous un premier grain et la navigation prend forme. Les quarts de veille s’organisent, on voit des ailerons partout… qui ne sont en fait que des illusions, la mer n’est pas d’huile ! On observe des oiseaux : macareux moine, pingouins torda, guillemots de Troïl, fous de bassan qui volent en escadrille. C’est magnifique !
On profite de ces premières heures de navigation, même si le mal de mer, la fatigue et le froid s’installent et ont raison de Kerwann, Kian et Servane.Enfin le soleil fait son apparition, nous jetons l’ancre dans une baie magnifique où deux phoques gris nous tiennent compagnie et jouent à cache-cache pendant qu’un petit groupe essaie de les approcher de plus près avec l’annexe. On coupe le moteur pour essayer de s’approcher un peu plus, mais peine perdue, les animaux sont méfiants… alors Max nous ramène à la rame.
Une première journée bien remplie qui s’achève autour d’un très bon repas grâce aux talents culinaires de Yaël… Qui ronflera cette nuit ?
Lundi :
La journée se lève par un beau ciel bleu entouré par les terres de Noss nous accueillant dans un décors magnifique pour bien démarrer cette journée.
La mission du jour reste similaire à celle d’hier… trouver nos mammifères marins tant attendus et qui se laissent désirer.
Départ au alentour de 8h30/9h00 avec la mise en place du collecteur de microplastique, le filet manta. La mission dure environ 30 min où nous avançons au moteur du bateau.
Une fois le filet récupéré, nous nous sommes rapprochés pour observer le nombre impressionnant d’oiseaux nichant dans leur habitat naturel dans les falaises en quittant notre baie.
Entouré d’oiseaux tout autour du bateau nous accompagnant en sortant de notre spot pour la nuit, nous avons mis les voiles pour continuer à remonter vers le nord.
Nous avons voguer dans une météo maussade sans l’ombre d’un aileron.
Notre journée se finîmes dans une baie au pied du village de Mid Yell aux alentours de 19h.
Mardi
Malgré une météo difficile, pluie, vent, vagues, l’apparition d’ailerons a su nous redonner des forces pour continuer à faire avancer le bateau jusqu’à notre prochaine baie de mouillage.
Des grands dauphins, mais, c’est toujours cela.
Mercredi 19/.6
On est parti plus tôt que d’habitude pour éviter la tempête qui arrivait. La journée n’a pas été très riche en mammifères marins à part quelques ailerons aperçus au loin vers la fin de matinée. On a quand même eu le droit à un petit spectacle d’oiseaux, moins impressionnant que lundi mais différent. Il y avait des Fulmars Boréals qui tournaient autour du bateau à une 50aine de centimètres de nous. Ils ont fait plusieurs tours avant d’être rejoints par d’autres et de s’éloigner du bateau. J’ai trouvé ce moment magique car c’est la première fois que je voyais un oiseau en plein vol d’aussi près, surtout que le vent était fort et le bateau était rapide.
On a eu un peu de mal à s’amarrer à cause du sol jonchés de grandes algues laminaires mais après 2 tentatives à des endroits différents on a enfin trouvé un endroit au calme au 3e essai pour s’arrêter pour la journée.
Pendant que certains font la sieste, d’autres pêchent quelques maquereaux.
La fin d’après-midi est l’opportunité d’une petite conférence sur la bioacoustique. Demain, nous ferons des écoutes à l’hydrophone.
Jeudi 20 juin
Nous avons lu sur facebook qu’un pod de 5 orques a été aperçu le 18 juin dans un fjord tout près de là où nous sommes. L’excitation gagne l’équipage, branle-bas matelots. Les forts courants de marée nous contraignent à planifier tout un grand tour avant d’aller vers cette baie, mais peut être qu’ils se sont déplacés vers une autre baie. Stratégie : quadriller tout le secteur.
Un coup vers l’ouest : rien
Retour vers l’est : Oh, un nouveau message sur facebook nous informe qu’ils ont été vu proche d’une ferme de saumon, là où nous venons de passer. Demi-tour ! Plus là !
Reprise de la route vers l’est, vers le nord, vers le sud, arrivée sur le premier lieu cité. Grosse raffinerie ? L’image de cet animal puissant surfant sur les vagues océaniques prend du pétrole dans les nageoires. Bon, à défaut d’orque et le moral à marée basse, nous décidons de mettre à l’eau notre filet manta pour un dosage de microplastique dans cet environnement très anthropisé. Si ce genre de lieu est fréquenté par la faune, leur casse-croute doit être un peu épicé. Nous détiendrons au moins une petite preuve.
Bon, après cette poursuite infructueuse, il est temps de trouver un petit mouillage tranquille pour la nuit. Encore une fois, rires, blagues et bon repas, compenseront la déception.
Vendredi 21 juin
Sixième et dernier jour du séjour, nous commençons cette journée alourdis de fatigue et d’un copieux petit-déjeuner anglais. La grande voile est plus lourde que d’habitude !
Le temps est plus clément, le soleil se montre régulièrement. Nous repassons au ras des falaises de Noss près des colonies de macareux et de fous, le spectacle des oiseaux volant tout autour du bateau est toujours aussi magnifique. Olivier garde un œil en l’air, un œil sur les falaises qui sont très proches, ça passe juste !
On continue cap au sud, le vent tombe. Nous en profitons pour sortir à nouveau l’hydrophone et faire une écoute. Les fonds restent, cette fois encore, silencieux. Ces quelques minutes quasi stationnaires mettent plusieurs membres d’équipage au tapis, le mal de mer n’est pas loin !
Nous reprenons la route toujours vers le sud pour faire le tour de l’île de Mousa. Une légère houle nous porte sous les éclaircies. Nous apercevons des randonneurs sur l’île, un bateau de touristes, mais toujours aucun cétacé. Nous rentrons doucement au portant, accompagnés de quelques fulmars boréals occasionnels et de petits groupes de macareux.
Lerwick s’est peuplé après notre départ, nous devons nous amarrer dans l’entrée du port, la manœuvre est délicate et l’emplacement pas idéal mais ça ira pour la soirée. Les douches chaudes du yacht club sont bienvenues, et après un dernier délicieux repas tous ensemble, un petit groupe de motivés va boire une bière au pub.
La semaine aura été ponctuée de bonne humeur, de rires, de blagues plus ou moins comprises, de bons moments autour de bons repas, d’apprentissages scientifiques et nautiques. Une aventure humaine, digne d’une traque à la Moby Dick, infructueuse en ce qui concerne les orques, mais comme le dit l’océanographe Anne Littaye : « une absence de résultats est un résultat en soi » !
Mais bon, Anne ajoute : si cet adage est courant pour des missions de terrain entre scientifiques, le cumul sur une semaine est tout de même décevant pour des missions en sciences participatives. Et contrairement à du terrain à terre, en mer, pas de trace de passage (empreinte, excréments, poils…).
Des explications ? Pas vraiment, des hypothèses oui : deux groupes d’orques s’observent aux Shetland en cette saison : des résidants à l’année, des visiteurs islandais. Peut être ce second groupe n’est pas présent car la météo n’est pas très estivale. Il y a tout de même concordance entre plusieurs observations : très peu de phoques (proie appréciée des orques ; de plus, il a été observé des blanchons, bébés phoques dans un groupe), pas d’autres cétacés (dauphins, rorqual de minke, grand rorqual, lagénorhinque à flanc blanc ou à bec blanc, etc), moins d’oiseaux qu’attendu alors que les Shetland sont connus internationalement comme très riches en nombre et espèces.
Et pourtant, les cultures d’algues laminaires se sont développées dans de nombreuses baies (installations même pas encore signalées sur les cartes marines) ; ces cultures sont très propices au développement d’une riche biodiversité marine et sont appréciées des phoques. Sylvain, notre expert pêche, n’a pris que quelques maigres poissons ! il est vrai que ces cannes sont restées à Orly ou sont à Bergen, si nord, il y a des perturbations magnétiques ! Avec une canne écossaisse, c’est peut-être une autre technique.
Alors ? Trop d’activités humaines et les animaux sont sur la côte Ouest, plus battue par les vents, plus sauvage ?
Samedi 22 juin
Petit tour de Lerwick, la capitale pour quelques souvenirs et cadeaux. Aéroport et retour pour la plupart.
Kian, Kerwann et Anne se rendent au musée du tricot, passage culturel indispensable. Deux mailles pour Kian, 1 rang pour Kerwann ! Une montée en compétence au moins sur un point mousse (ah ! ah !).
17h00, Fanfare sur le port ! Une sorte de carnaval viking. Chars, équipes avec des costumes divers selon les clans. Sylvain, l’occas’ de jouer de ton épée en mousse !
Merci à tous pour votre esprit d’équipe, votre solidarité ? Hisse et ho !
lien vers l’album photo sur l’avifaune
https://www.osi-cetis.org/Album-pho...