Accueil > Actions et journaux de bord > Journaux de Bord des Opérations > Vacances Scientifiques > Embarquement pour le séjour Dauphins des archipels 4 au 11 aout 2024
Le Journal de Bord
Nous avons mis les voiles sous un soleil matinal Comme un rêve éveillé, l’océan à perte de vue, et les dauphins, subliment, gris clair, bleu, au doux ventre blanc, gracieux, fluide à fleur d’eau, derrière le voilier.
Le rêve commence. Un instant suspendu hors du temps, quel privilège !
La nature à l’état pur et les comportements réels et uniques de cette faune sauvage. Tous différents les uns des autres. Des moments qui nous ont émerveillé et d’autres qui nous ont marqués différemment. Cela nous a peiné de voir un fou de bassan avec le bec pris dans une corde bleue.
Après cette image désolante, une pêche miraculeuse qui nous a rassuré sur la santé du milieu. Cette fin de journée c’est donc bien finie par un très bon dîner (ou un très bon souper pour les québécois ) devant le petit port de l’île d’Hoedic.
Je me suis sentie très motivée pour commencer cette deuxième journée, sous le signe d’une longue navigation, pour rejoindre l’île d’Yeu.
Les premières heures furent très prolifiques en observation. Quelques minutes avant le champ d’éoliennes, quatre dauphins, puis trois, puis deux. Ils jaillissaient tout autour du bateau. Notre excitation des premières heures atteint son comble. Tout s’est calmé à l’entrée du champ éolien.
Après toutes ces émotions, l’émerveillement est là, le plaisir de pouvoir les repérer avec autonomie grâce à notre apprentissage du jour précédent, et identifier leurs espèces.
Puis, de longues heures d’attente nous ont appris la réalité de l’observation des animaux sauvages. Après ces heures d’excitation, place au calme.
Pour certaines, sieste, et pour d’autres papotages, réalisation d’une boule de touline. Sans oublier l’observation et le poste à la barre.
Un premier prélèvement a été effectué avec le filet manta.
Le soir, au port, nous découvrirons au microscope un autre monde : celui du microplancton.
La journée s’est finie sur un embouteillage à l’entrée du port sous un ciel menaçant.
Après ces visions surréalistes du champ d’éoliennes, le sentiment est semblable à celui d’une sardine dans une boîte.
Et maintenant, nous nous préparons pour la conférence maison sur les méduses.
Aujourd’hui, petite déception de ne pas avoir vu de dauphins, mais à notre grande surprise nous avons croisé la route de fascinantes créatures, des velelles (méduses) et de deux petits poissons-lune.
En fin de journée, nous avons débarqué en gougounes sur le port des vieilles. Nous avons dégourdi nos gambettes sur le sentier pédestre longeant la côté et nous nous sommes exercés à la pratique de la photo-identification sur un sol stable. Nous ne pouvons imaginer la difficulté de le faire en pleine mer sur des animaux en mouvement.
Le soir, nos papilles ont exulté de plaisir comme à chaque repas sur ce bateau.
Nous commençons à perdre la notion de temps, déjà mercredi ! Ce soir, nous apprécions le bercement du mouillage et sa tranquillité qui rivalise avec hier soir.
Réveil au lever du soleil pour la magie des couleurs et parce qu’une très longue navigation nous attend, de l’île d’Yeu à Belle Ile. Le bercement des vagues, l’étendue de la grande bleue, le réveil matinal installent à bord un état suspendu, hors du temps.
Echantillonnage des microplastiques à la limite du champs éolien de l’ile d’Yeu avec la question sous-jacente : les forages remettent-ils en suspension des microplastiques ? Il faudra attendre les résultats du laboratoire et bien sur les réplicas. Le collecteur déborde d’œufs d’une espèce marine : un plat de caviar.
De fréquentes petites chasses de thon réveillent l’équipage et l’espoir de rencontrer des cétacés. Quelques méduses Rhysostoma pulmo, velelles, se trouvent sur notre route.
Arrivée tardive à Sauzon, petit port de Belle Ile, étourdi par cette journée. Et cette question : tant d’effort pour quelques données. Eh oui, nous ne sommes pas au zoo et les progrès de la connaissance se font à ce prix, de patience, de recommencement. Et puis, si ce temps de navigation a été long, il n’était pas si désagréable !
Après une grasse matinée bien méritée et un petit déjeuner convivial, nous sommes partis sous un ciel humide. Indécis, nous avons pris la décision de se diriger directement au port Tudy, mais comme le ciel se dégageait nous avons préféré rallonger notre route en longeant la côte dans l’espoir de voir un mammifère marin, mais en vain ils n’étaient pas au rendez-vous. Mission dépollution, nous avons repéché sous voile un parebattage, ce macroplastique avant qu’il ne devienne microplastique. Mia a pratiqué la prise de photos en pleine mer, exercice très difficile sur le peu d’oiseaux dans le ciel.
Pour notre curiosité, nous avons fait un prélèvement proche de la côte avec le filet manta, dans le but d’observer le microplancton encore vivant à la loupe binoculaire.
Ce soir, nous sommes amarrés au Port Lay sur l’Île de Groix et en avons profité pour dégourdir nos jambes, certaines à la plage, d’autres en ville à la recherche de délicieuses crêpes !
Samedi 10 août
Le calme au réveil, dans le port de Groix. Nous avons ouvert les yeux après une nuit paisible, impatients pour notre dernière journée de navigation, dans l’espoir de revoir enfin des dauphins. En faisant le tour de l’île, l’océan tel un lac au léger clapotis laisse planer la nostalgie de cette dernière journée et de ce merveilleux voyage qui touche à sa fin.
La rencontre avec un poisson-lune n’a pas satisfait notre dernière attente, nous n’aurons vu aucun autre dauphin. Le tumulte de la ville nous a rattrapé, une différence frappante avec le calme du large : la vitesse et le bruit des petits bateaux moteurs nous bousculent. L’hyperurbanisation contraste avec la sérénité de l’océan.
Ainsi s’achève cette merveilleuse semaine, mais, qui nous laissera des souvenirs éternels.