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News letter du programme OSI-CETIS 2024
Chers participants aux séjours CETIS 2024,
Vous attendez depuis la fin d’année le bilan des observations et mesures en mer de l’année 2024 à laquelle vous avez fortement contribué. L’association OceanEye connait des difficultés et les résultats n’ont pu mettre transmis que début avril. Cela rappelle que si les missions et défis de ces associations sont louables, voire indispensables souvent pour l’avancée de problématiques, leur financement reste fragile.
Voici une synthèse d’un point de vue scientifique, des observations de l’année 2024.
Observations scientifiques
Archéologie sous-marine
Malheureusement, en 2024, le nombre de participants n’a été qu’un quart du nombre espéré. Le recensement des graffitis a continué avec objectif renforcé pour le groupement de recherche partenaire. Des bruits de quais mentionnaient une transaction immobilière de ce bâtiment et donc, cet inventaire, bien que non finalisé, pourrait le cas échéant, être dévoilé, s’il y avait un risque d’atteinte à ce patrimoine culturel.
Les plongées n’ont pas révélées d’objet non répertorié, comme ce fut le cas les années précédentes. Néanmoins, c’est déjà beaucoup, elles ont permis de constater aucune dégradation sur les sites explorés.
Ecologie des herbiers à zostères en Bretagne, sur les fonds de La Rance
Les observations confirment un bon état écologique du site. Il n’y a pas eu de récolte de données à but de suivis scientifiques par les participants à ce séjour.
Mammifères marins le long de l’arc atlantique nord-est
Le suivi des mammifères marins s’est opérée sur plusieurs secteurs géographiques et à différentes saisons pour la seule région du sud du Golfe de Gascogne ; cette organisation permet de contribuer à la connaissance et au suivi de ces animaux avec plusieurs objectifs :
Au sud du Golfe de Gascogne, les variations saisonnières de fréquentation des différentes espèces et leur fidélité au secteur. Comparaison printemps / été / automne.
Les changements potentiels d’aires de répartition des espèces avec le réchauffement climatique. Comparaison entre le sud du Golfe de Gascogne, la Bretagne (sud, ouest et nord) et le nord des iles britanniques (Ecosse ou Shetland).
La temporalité de la reproduction de certaines espèces (les dates changent-elles avec le réchauffement climatique ?).
Diversité d’espèces
Moins de diversité que les années précédentes, toutes explorations confondues (Shetland, Bretagne, Sud Gascogne) et notamment pas de détection des grands animaux cachalots, rorqual commun, petit-rorqual ; beaucoup moins de baleines à bec.
• 4 espèces contre 10 en 2023 et 9 en 2022.
• Observations moins nombreuses, quel que soit le secteur géographique
74 en 2024, 108 en 2023, 97 en 2022
Données enregistrées dans la Base de données Happywhales
Naissances
• Globicéphale : chaque année le pic de naissance semble plus précoce d’une semaine.
• Dauphin commun : observations de jeunes (1 an) en Bretagne sud mais pas de nouveau-né comme en 2023.
• Grand dauphin : présence de jeunes dans le regroupement d’octobre mais pas de naissance (ce qui n’est jamais arrivé dans cette zone)
Température de l’eau en augmentation continue depuis plusieurs décennies si 2024 a montré des températures de l’eau supérieures à « la normale », cela a été moins exceptionnel qu’en 2023 et une saisonnalité « normale ». 2023 s’était caractérisé par un hiver supérieur à la moyenne, un réchauffement printanier très rapide, des températures estivales exceptionnelles et durant une période longue, jusqu’à octobre.
Commentaires :
D’après les pêcheurs ou les observateurs espagnols concernant le Pays basque ou le secteur Bretagne sud, les espèces non observées (baleines, orques) étaient présents au large. Pourquoi se sont-ils moins approchés des côtes ?
De même, il y a eu beaucoup moins d’observation entre la côte et le canyon de Capbreton.
Suffisamment de nourriture ?
Trop de dérangement avec travaux sous-marins le long des côtes du Pays basque (débutés au printemps), en Bretagne Sud et Pays de Loire-Vendée avec la construction de parcs éoliens, en Bretagne nord avec mis en service du parc éolien de Saint Brieuc ?
Au Shetland ? Nous avons pu constaté que des fermes de saumons (attractives pour les orques) ont été remplacées par des cultures d’algues. Les tonnages de pêche (les plus forts de l’atlantique nord est, sont en baisse ; plusieurs ressources sont surexploitées – rapport de la commission CIEM). Y a-t-il un lien ?
Colonies de fou de bassan
Rouzic, Serk (archipel le plus nord des îles anglo normandes), Ile de Noss (Shetland) : recouvrement progressif mais lent des colonies après le choc de la grippe aviaire en 2022. Le recouvrement sera long car la maturité sexuelle est à 5 ans.
La pollution des eaux marines par les microplastiques
Pour la seconde année consécutive, nous avons filtré de l’eau de mer, selon un protocole précis, pour que soit calculé la concentration en microplastique, en surface.
La carte ci-dessous vous montre les résultats. Une pollution plus importante des eaux est visible au large du Pays basque, proche du canyon sous-marin, au nord-ouest de Brest et à l’est de Guernesey, dans l’archipel anglo-normand.
En 2023, les mêmes petits secteurs de pollution avaient été trouvé.
L’analyse de la circulation des masses d’eau révèle que ces secteurs correspondent à une convergence de courants, créant des zone d’accumulation « permanente ». Ces particules de microplastique coulent vers le fond avec l’agitation due aux vagues et donc ne restent pas en surface. Mais, un apport constant, maintiendrait une concentration élevée en surface.
Malheureusement, ces zones de convergences accumulent également de la matière organique, attirant toute la chaine alimentaire.
Deux années sont insuffisantes pour généraliser ce constat. Il serait donc intéressant de pouvoir continuer.
Données enregistrées dans la Base de données internationales OceanEyes
Les proliférations de « gélatineux », méduses et consœurs.
En 2024, quelques individus éparses ont été observés, au Pays basque comme dans l’archipel anglo-normand. Ces observations corroborent l’hypothèse de la présence de polypes (individus souches, en dormance), localement. Les températures de l’eau à chaque saison, hiver, printemps et été, ont été normales contrairement à 2023. Il n’y a pas eu d’efflorescences en 2024 comme cela a été le cas en 2023.
Données enregistrées dans la Base de données MEDUSE, d’ACRI-ST
Les requins baleines à Nosy-Bé, Madagascar
Pour la première fois depuis une dizaine d’année que cette population est suivie, très peu d’individus ont migré à Nosy-Bé. A ce jour, il n’y a pas d’explication. Les participants ont eu la chance tout de même d’en observer quelques uns.
A suivre
L’observation phare de l’année
Chaque année, chaque séjour, nous récoltons des observations plus ou moins attendues et chaque année nous étonne par un fait inédit ou rarement observé.
Pour rappel, en 2022, nous avions observé un dauphin blanc lors d’un séjour au Pays basque. Il s’agit d’un individu dépigmenté à 98%. Or, vous le savez maintenant, difficile de déterminer l’espèce sans coloration.
En 2022, nous avions aussi observé, au printemps, un cas d’adoption d’un nouveau-né globicéphale par un groupe de grand-dauphins.
Ces deux observations ont fait l’objet de publication vers la communauté scientifique.
En 2023, le groupe de jeunes archéologues subaquatiques a initié un travail de recensement de graffiti sur la maison d’ Infante d’Espagne, épouse de Louis XIV, à Saint Jean de Luz. Les marins ont en effet laissé dans la pierre, des messages qui n’avaient jusqu’ici pas été inventoriés. Cette même année, un autre groupe a fait la découverte sur un site de plongée, d’un objet non inventorié ; c’était la seconde année qu’une telle découverte été réalisée. Cet objet a été déclarée auprès de la Direction Régional de l’Archéologie Sous-Marine.
En 2024, les observateurs du Pays basque ont assisté à un regroupement de plusieurs centaines de Grand-dauphins, au-dessus du canyon de Capbreton. Si ce type de regroupement est courant (mais rarement observé) au moment de la reproduction, adaptation naturelle des mammifères pour garantir un brassage génétique, cela était plus surprenant fin octobre. D’après le laboratoire Pelagis de l’université de La rochelle, l’expert national pour les mammifères marins, un tel regroupement pour cette espèce n’a jamais été observé. Une des hypothèses les plus probable est une concentration exceptionnelle de nourriture (petits poissons) sur cette zone. Si les conditions météorologiques sont peu agitées et stables, ces concentrations perdurent plusieurs jours. La population de grand dauphin, dans le Golfe de Gascogne, est répartie en petits clans qui se déplacent sur l’ensemble du Golfe, en fonction des opportunités alimentaires. Les déplacements des clans sont rapides et il est possible, qu’une opportunité trophique importante, attirent des clans côtiers du Pays basque aux Charentes et des clans plus océaniques.
Les photos ID n’ont pas permis de recoupements avec des observations d’autres personnes, à ce jour.
De grands rassemblements, quelle que soit l’espèce, ont lieu pour la reproduction, mais fin octobre n’est pas la période de reproduction du grand dauphin. De plus, les animaux ne montraient pas de comportement de séduction, de reproduction, d’accouplement.
Cette étonnante observation reste gravée dans nos mémoires, d’autant plus que très rare par le nombre d’individus, rassurent par le nombre d’individus, rappelle que ces animaux sont sauvages, libres, ont une puissante capacité d’opportunisme.
Certains se souviendront aussi du gros travail de tri et de recadrement des photos pour identifier les individus les uns des autres.
N’hésitez pas à m’envoyer un message pour une question, un projet, ou une envie de photo.
Je partage également avec vous, le premier U-mag de Pamela. Magnifique action à soutenir sans retenue. Merci à toi